Après un « petit » voyage de 9h de bus, c’est à 18h que l’on arrive, dans un contexte très difficile, à Valparaiso. En effet, depuis trois jours maintenant, de violents affrontements ont lieu, dans différentes grandes villes du Chili, entre des manifestants et les forces de l’ordre (pillages, rues barricadées, immeubles incendiés, vitrines cassées, …). La raison ? Le prix du ticket de métro qui est passé de 800 pesos (1 euro) à 830 pesos (environ 1,1 euro). Cela intervient dans un contexte social déjà difficile où le coût de vie est bien trop élevé pour les locaux. Ces incidents ont déjà coûté la vie à 11 personnes. Pour répondre aux troubles, le Président Pinera a décidé de déployer l’armée dans les rues et d’instaurer un couvre-feu. C’est la première fois, depuis la fin de la dictature de Pinochet (1990), que l’armée patrouille dans les villes. Tous ces événements ressemblent à ce qui s’est passé en France à la fin de l’année 2018.
Du coup, c’est vraiment chaud chaud chaud quand on arrive à Valparaiso à 18h, et que le couvre-feu commence à… 18h! Le terminal de bus est à 2.5km de notre hôtel, autrement dit une éternité à pied et avec nos gros sacs sur le dos !
Voici ce que l’on voit quand on arrive… On s’est vraiment demandé ce qu’on foutait ici !
Toutes les rues sont désertes et l’armée lance du gaz lacrymogène et essaye de disperser les manifestants dans les rues voisines. Autant dire qu’avec les barricades en feu, c’est le combo gagnant pour arrêter de respirer !
On marche donc assez vite pour rejoindre notre hôtel. Les gens, qui sont chez eux, nous interpellent de leur fenêtre pour nous dire que si on veut on peut dormir chez eux car c’est très dangereux dehors… Gloups ! On croisera un journaliste qui nous conseillera le chemin à prendre, enfin surtout le chemin à ne pas prendre. Tout cela n’est pas fait pour rassurer Ria !
Pendant qu’on marche, on a de la chance, que dis-je, SUPER MEGA de la chance, que l’une des rares voitures qui circule, s’arrête et se propose de nous déposer à notre hôtel. Le jeune chilien, avec une casquette et des tatouages, s’appelle Ronald et est super sympa ! Il roulera sur les trottoirs, évitera les nombreuses barricades sur les routes et également les rues où il y avait des groupes de manifestants pour nous permettre de rallier notre hôtel. On se fera également arrêter par des militaires qui nous laisseront finalement passer en voyant que l’on était deux pauvres touristes désespérés. En tout cas, merci Ronald !!
Le soir, on avait rien à manger mais bon tant pis, on va pas risquer notre vie pour un paquet de gâteaux ! Le réceptionniste de notre hôtel nous indiquera les endroits où l’on peut visiter sans danger… Bah y’en a pas des masses ! Déjà qu’en temps normal Valparaiso est connu pour son insécurité mais alors là c’est pire !
Jour 1 – Musée Pablo Neruda
La nuit a été étonnamment calme, enfin en tout cas on a pas entendu de bruit particulier. On devait initialement rester trois jours mais avec ce que l’on a vu, on préfère partir dès que possible.

Après un super petit-déjeuner, on appréhende un peu notre visite de la ville. Finalement, il y a pas mal de monde dans les rues et c’est plutôt calme, ce qui rassure un peu Ria.
Cependant, lors de notre balade pour rejoindre la terminal de bus, on verra de nombreuses boutiques pillées et plusieurs immeubles et commerces incendiés.
On passera devant quelques supermarchés qui filtrent l’entrée, pour éviter les pillages, ce qui provoque des files d’attente à l’extérieur avec des centaines de personnes ! (oui oui sur la photo les gens font bien la queue…).

Le terminal de bus justement. Avec le couvre-feu, il n’y a aucun bus de nuit pour Pucon quel que soit la compagnie ! On est mal barré. Apparemment, les compagnies devraient en savoir plus demain. Du coup, on reviendra et on décidera de la suite de notre parcours. Par ailleurs, il devait sûrement y avoir des affrontements non loin car on pouvait sentir le gaz lacrymogène dans le terminal. Ça pique et ça brûle les yeux…
Le reste de la journée aura été assez court. On se sera baladé un peu dans la ville, et dans le cimetière, tout en évitant les zones de manifestations. Les gens faisaient du bruit en tapant sur des casseroles. C’est légèrement assourdissant à la longue…
On sera également allé à La Sebastiana (Casa de Pablo Neruda). L’endroit est un peu dans les hauteurs et au calme, cela contraste avec l’agitation dans le centre ville. Une visite très intéressante avec un audio guide en français. Pablo Neruda était un poète du 20ème siècle et qui est considéré comme l’un des quatre grands de la poésie chilienne. La maison, sur plusieurs étages, est vraiment sympa et domine toute la ville. Lorsqu’il cherchait une maison à Valparaiso, Pablo Neruda fit une étrange demande à ses amis. « Il souhaitait une maison dans les hauteurs de la ville mais pas trop haut, pas dans le centre mais pas trop loin non plus, au calme mais pas trop non plus, grande mais pas trop non plus,…« . Pas du tout relou le type ! Il n’aurait aucune chance de trouver une maison dans l’émission « Recherche Maison ou Appartement » !
Avant de rentrer à l’hôtel, on ira manger au restaurant Dimalow qui est juste à côté. C’était vraiment délicieux ! Un peu cher mais délicieux.

Le reste de l’après-midi, on le passera à l’hôtel, à étudier les alternatives sur notre itinéraire.
Jour 2 – Musée à ciel ouvert
Une bonne nuit reposante, et un bon petit-déjeuner, même si on l’a attendu 30min, et nous revoilà partis au terminal de bus, en voyant encore un beau bordel… 😦
Les compagnies nous disent toutes qu’il n’y a toujours pas de bus de nuit pour Pucon… Cependant, la compagnie Turbus nous propose une alternative. Prendre cet après-midi un bus pour rejoindre Santiago, 1h45 de trajet, et ensuite prendre un bus de nuit pour Pucon et arriver le lendemain à 5h30. Bah c’est parfait ça on prend !
Du coup, il ne nous reste plus beaucoup de temps pour visiter la ville vu que le bus part à 15h. C’est pas grave, du moment que l’on se barre d’ici. Les manifestations commencent vers 14h donc c’est parfait.

Pendant le peu de temps qu’il nous reste, on aura tout de même pu faire une petite balade. Tout d’abord dans le musée à ciel ouvert. C’est en fait plein de petites ruelles, pas forcément hyper accueillantes, dans lesquelles il y a tout un tas beaux graffitis sur les murs. Certains sont vraiment superbes !
Ensuite, on ira dans le quartier Cerro Concepción. Alors là, c’est un peu le quartier riche.
Plein de jolies maisons de toutes les couleurs et des beaux graffitis. Ici, on ne se sent pas du tout en insécurité ! Un contraste vraiment saisissant, genre on n’est pas dans la même ville !
On a marché ensuite jusqu’au quartier Cerro Alegre, un peu plus vieux mais avec des graffitis tout aussi beaux.
Avant de rentrer à l’hôtel prendre nos affaires, on ira manger une pizza, bonne mais pas extra, au restaurant Il Bruschetta. Quasiment le restaurant le plus cher que l’on ait fait ! 40 euros ! Pour une pizza qui coûtait plus cher que le saumon de la veille !
On rejoindra le terminal de bus en Uber car on ne voulait pas marcher les 2.5km avec nos gros sacs sur lesquels il est écrit touristes dessus.
C’est donc dans ce climat que l’on quittera Valparaiso. Une ville que je n’ai personnellement pas trouvé belle ni attirante. Excepté les quelques beaux graffitis, c’est sale, moche, avec des tags partout et tu dois en permanence faire attention à tes affaires. Je préfère largement les montages et le désert. Ria aura de son côté un avis plus mitigé.
Une fois à Santiago, on attendra 3h dans le terminal pour pourvoir prendre notre bus de nuit direction Pucon !